03/01/2007

"L'antijudaïsme chrétien" sur le site quid.fr

49 concile de Jérusalem : les chrétiens, qui jusque-là pratiquaient la religion juive et se considéraient comme une secte judaïque, rompent avec la Synagogue, sous l'influence de St Paul, renonçant à la circoncision et acceptant l'adhésion des païens. Certains pensent que St Paul cherchait simplement à tenir éloignée la communauté chrétienne de l'État théocratique juif menacé d'anéantissement par les Romains. Les juifs ont considéré cette attitude comme une trahison.

Ier-IIIe s. polémique religieuse notamment avec le traité de Justin le Philosophe (IIe s.) : Dialogue avec le Juif Tryphon.
Élaboration de la doctrine que l'Église enseignera jusqu'au XXe s. : les juifs sont à l'origine le peuple élu de Dieu mais, comme ils ont rejeté Jésus, ils sont devenus des réprouvés (peuple dit déicide).

Le concile d'Elvira (Espagne), s'applique à séparer les chrétiens des juifs en leur interdisant de partager leurs repas, ou de se marier avec eux, d'observer le shabbat ou de demander à un juif de bénir leurs champs.
Interdictions réitérées par les conciles de Vannes (465), Épaon (517), Orléans II (533), Clermont (535), Orléans III (538) et IV (541).

IVe-VIe s. après le décret de Constantin (313) faisant du christianisme la religion d'État, le prosélytisme est interdit aux juifs.

VIIIe-XIe s. les juifs sont assimilés aux musulmans par les chrétiens (à cause de la réussite sociale et économique des juifs de l'Islam).

XIe-XIIe s. ils sont victimes des croisades anti-islamiques.
- Le pape Calixte II (1119-1124) prend leur défense dans une bulle, Sicut Judeis.
- Innocent III (1179-1180) ordonne aux évêques de veiller à ce que les croisés ne maltraitent pas les juifs.
- Grégoire IX (1145-1241) en 1236 souhaite que les crimes commis contre les juifs ne demeurent pas impunis.

XIIIe-XVe s. profanations d'hostie :
A partir de 1243, 28 cas d'accusation :
- Allemagne 8,
- Autriche 6,
- Espagne 4,
- Tchécoslovaquie 3,
- Pologne 3,
- Portugal 2,
- France 1,
- Belgique 1

Il s'agissait d'hosties consacrées trouvées tachées de rouge. On disait que les juifs les perçaient avec des clous pour renouveler la crucifixion de Jésus, ce qui les faisait miraculeusement saigner ; des émeutes antijuives, souvent sanglantes, s'ensuivaient. En 1948, des chercheurs de l'Institut de Rehovoth (Israël) démontrèrent que la farine des hosties pouvait être attaquée par un champignon rouge sang, le Bacterium prodigiosum.
Fréquentes accusations de meurtres rituels [mise à mort d'enfants chrétiens pour renouveler sur eux le supplice du Christ, ou pour utiliser leur sang comme remède : 1235 Fulda (Allemagne) ; 1462 Rinn (Autriche) : André de Rinn, béatifié 1752 ; 1472 Trente (Italie) : St Simon de Trente (2 ans et demi), martyr, canonisé 1476, retiré du calendrier 1966].

XVe-XVIe s. beaucoup de conversions forcées :
En Espagne [en 1492 : conversion ou exil : 75 % (150 000) émigrent] ; suicides collectifs pour éviter les conversions.
Luther, d'abord bien disposé envers les juifs, change et publie en 1542 Contre les juifs et leurs mensonges. Désespérant de les convertir, il propose de brûler les synagogues, de confisquer les livres hébraïques et d'expulser les juifs des principautés germaniques.
1543 : Paul III (1468-1549) fonde la maison des Catéchumènes destinée à convertir juifs et musulmans (1614-1798 : 984 juifs baptisés).
1593 : Clément VIII (1536-1605) contraint les juifs à vivre dans les ghettos de Rome et Ancône et expulse ceux vivant ailleurs.
Urbain VIII (1568-1644) permet le baptême forcé et condamne la profanation des cimetières juifs.



XVIIIe s.
Clément XII (1652-1740) et Benoît XIV (1675-1758) codifient des lois antijuives : les juifs, sous peine de sanctions sévères, doivent porter la rouelle.
1769 : Clément XIV (1705-74) retire le contrôle du ghetto de Rome au Saint-Office de l'Inquisition au profit du cardinal-vicaire de la ville. Les juifs peuvent exercer la médecine, travailler comme artisans et ouvrir des ateliers de soierie et chapellerie.
1775 : Pie VI (1717-99) rétablit la surveillance par les inquisiteurs, interdit aux juifs de sortir du ghetto la nuit sous peine de mort et impose le port de l'insigne : « les juifs des deux sexes doivent porter un signalement de couleur jaune, qui les distinguera des autres, et cela en tous temps et en tous lieux, au sein du ghetto et au-dehors ». L'embauche de domestiques chrétiens et les rapports familiers avec des chrétiens sont interdits aux juifs. Rétablit le sermon obligatoire.
1837 : on reparle de meurtres rituels ; en Russie, une commission officielle d'enquête est instituée.
1840 : Affaire de Damas : les juifs syriens sont accusés d'un meurtre rituel après l'assassinat du père Thomas, moine capucin. Le ministre (français) juif Isaac-Jacob (dit Adolphe) Crémieux (30-4-1796/10-2-1880) obtient du sultan une loi condamnant à l'avenir tous ceux qui accuseraient les juifs d'un crime rituel.
1858-sept. à Bologne (États de l'Église), Edgar Mortara, en danger de mort, avait été baptisé (à 11 mois, en 1852) par une servante chrétienne ; à 7 ans, est arraché à sa famille juive par la police pontificale et placé à l'hospice des catéchumènes à Rome ; il ne sera pas rendu à ses parents malgré leur protestation auprès de la synagogue d'Alexandrie et deviendra prêtre en 1867 ; pour obtenir sa « libération », se fonde à Paris l'Alliance israélite .
1863 à Saratov, 2 juifs et un apostat sont condamnés à mort pour le meurtre de 2 enfants chrétiens.





XXe s.
1928-25-3, le Saint-Office publie un décret de Pie XI condamnant l'antisémitisme qualifié de haine contre le peuple de Dieu. 1947 une conférence à Seelisberg (Suisse) réunissant des juifs et des chrétiens pour étudier les moyens de combattre l'antisémitisme élabore les Dix points de Seelisberg.
1948 : Jules Isaac (1877-1963), historien juif, Edmond Fleg (1874-1963), écrivain juif, et quelques chrétiens, dont le catholique Jacques Madaule, fondent l'Amitié judéo-chrétienne en France.
1952 : Affaire Finaly : Robert (né 14-7-1941) et Gérald (né 3-7-1942) qui ont perdu leurs parents [Autrichiens réfugiés, à la Tronche (Isère), arrêtés le 14-2-1944, morts en déportation à Auschwitz] avaient été recueillis par les religieuses de N.-D.-de-Sion à Grenoble, puis par Mlle Antoinette Brun (directrice de la crèche municipale de Grenoble) qui les fit baptiser en 1948. En janvier 1953, la cour d'appel de Grenoble stipule qu'ils doivent être rendus à leurs tantes habitant en Nlle-Zélande et en Israël, mais les religieuses les feront passer en Espagne. Fin juillet, une des tantes pourra les récupérer et les emmener en Israël. 1959 Jean XXIII supprime l'expression Pro perfidis Judœis (Pour les Juifs perfides) dans les litanies d'intercession du vendredi saint. 1960-13-6 Jules Isaac lui demande que le concile qui se prépare révise l'enseignement donné dans l'Église au sujet du peuple juif. 1965-28-10 déclaration conciliaire Nostra Ætate (paragraphe 4) : « L'Église se souvient du lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la descendance d'Abraham. » 1967 Paul VI institue, dans le cadre du Secrétariat pour l'unité des chrétiens, une commission chargée des rapports avec les juifs (appelée, en 1974, commission pour les relations religieuses avec le judaïsme).
1971-14/16-12 1re réunion du Comité international de liaison entre juifs et catholiques à Paris, au Consistoire central de France. 1974-1-12 le Vatican publie les Orientations et suggestions pour l'application de Nostra Ætate qui condamnent, comme opposée à l'esprit même du christianisme, toute forme d'antisémitisme et de discrimination.
1980-17-11 Jean-Paul II rend visite à la communauté juive de Mayence et rappelle que l'alliance passée entre Dieu et le peuple juif « est une alliance qui ne peut être révoquée ». 1985-24-6 le Vatican publie les Notes pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l'Église catholique.
1987-89 affaire du carmel d'Auschwitz (voir à l'Index).
1988-3-11 la commission pontificale Justice et Paix définit l'antisémitisme comme « la forme la plus tragique de l'idéologie raciste en notre siècle, avec toute l'horreur de l'Holocauste... ». 1997-30-10/1-11 à Rome : colloque sur « Racines de l'antijudaïsme en milieu chrétien » ; une soixantaine de théologiens, majoritairement catholiques, se réunissent ; Jean-Paul II leur dit : « L'antisémitisme est sans justification aucune et absolument condamnable. » 1998 document pontifical sur la Shoah. 2000-mars Jean-Paul II en Israël.