20/01/2007

Extrait du "Guide des résistances à l’extrême droite" de Manuel Abramowicz (Résistances aux Editions Labor, 2005)

Antisémitisme

L’apogée de l’antisémitisme fut le génocide commis par la dictature nazie, avec la complicité des autorités collaborationnistes de plusieurs pays européens, durant la Deuxième Guerre mondiale. L’antisémitisme est le racisme qui vise exclusivement les Juifs. Il se nourrit aussi parfois d’un anti-judaïsme (hostilité à l’égard de la religion juive). Le rejet des Juifs (peuple à la base de la première religion monothéiste, source également du Christianisme et de l’Islam) s’est développé après l’invasion de la Palestine antique et la destruction du royaume d’Israël par les armées romaines.
Depuis lors, l’antisémitisme existe dans le monde entier et a pour caractéristique d’accuser les Juifs de tous les crimes. Au nombre de ceux-ci, il y a, bien sûr, le meurtre de Jésus, un mythe (celui du « peuple déicide ») qui a la vie dure, malgré le fait que le Vatican ait atténué l’accusation. Le dernier film de Mel Gibson « La Passion du Christ », sorti sur les écrans belges en avril 2004 et soutenu par les intégristes chrétiens (de l’Opus Dei, de la Fraternité Saint-Pie X, de Belgique et Chrétienté…), s’est fait le relais de la thèse du « peuple déicide ».
Dans les écrits antisémites d’aujourd’hui, les Juifs – désignés derrière des euphémismes comme « apatrides », « cosmopolites »… - sont toujours accusés de vouloir contrôler le monde. On leur impute d’être les représentants de la « Haute Finance, vagabonde et anonyme ». Au début des années nonante, un tract du Vlaams Blok reprenait cette image du « juif international » visant à détruire l’« Europe blanche ». Cette image de propagande fut celle des nazis pour justifier les hostilités qui débouchèrent sur le second conflit mondial !
L’antisémitisme a toujours été exploité à des fins politiques par différents milieux (religieux comme idéologiques). Ainsi, il est aussi bien cultivé dans des organisations d’extrême droite, traditionalistes chrétiennes que dans des mouvements intégristes musulmans. Après le début de la seconde Intifada, en octobre 2000, dans les territoires palestiniens illégalement occupés par Israël, l’exportation chez nous du conflit israélo-palestinien a donné lieu à l’apparition d’une nouvelle vague antisémite, essentiellement portée au sein d’une fraction de jeunes maghrébins.
Face à cet inquiétant constat et des actions violentes contre les communautés juives (ratonnades, attaques aux cocktails Molotov contre des synagogues…), des mouvements et des intellectuels progressistes nord-africains se sont opposés publiquement à l’antisémitisme. Sans nier pour autant une présence antisémite de type culturel, des initiatives judéo-arabes sont même nées pour contrecarrer la propagande antisémite des fondamentalistes islamiques. Des artistes belgo-maghrébins, comme le chanteur Mousta Largo ou le comédien Sam Touzani, se sont érigés vigoureusement pour dénoncer le racisme anti-Juifs. Pendant ce temps, au sein de l’extrême droite et des milieux intégristes chrétiens, il va se renforcer et perdurer.