20/01/2007

Djamel Bouras

Lettre de Patrick Klugman, vice Pdt de l'UEJF à France 2
30 octobre 2000

M. Djamel Bouras [champion de Judo] a été invité sur le plateau de "Tout le monde en parle" [animée par Thierry Ardisson], dans l'émission du 28/10/2000. S'exprimant sur le conflit israelo-palestinien, il a tenu des propos diffamatoires et mensongers.

Tout d'abord, Djamel Bouras a manifestement démontré qu'il n'était pas qualifié pour aborder ce sujet. Voici quelques fausses affirmations que j'ai pu relever:

1. Selon M. Bouras, M. Sharon serait l'auteur du massacre de Sabra et Shatila commis au Liban en 1982. Il devrait savoir que ce sont des milices chrétiennes libanaises qui sont entrées dans le camp de Sabra et Shatila, et non M Sharon ou un quelconque soldat israelien. Ce que les israéliens eux mêmes ont reproché à M.Sharon, c'est son inaction devant le massacre. En outre, au lieu de brandir des journaux à l'antenne, il ferait mieux de les lire. Il aurait au moins su que cette "provocation"( marche sur l'esplanade) a été autorisée par écrit par le Waqf, l'organisme musulman qui gère les lieux saints de l'islam en Israël.

2. Pour M. Bouras, le lynchage à mort de deux soldats israéliens ne soulève aucune réprobation: ceux-là ne sont pas des hommes mais des "soldats", et de toute façon ils ne se seraient pas trompés de route mais bien "infiltrés volontairement en territoire sous autonomie palestinienne". Ce droit au massacre est une lecture intéressante et inédite de la convention de Genève.
3. Pour M.Bouras, la puissance d'Israël ne fait aucun doute puisque celle-ci est l'alliée du "chef du monde", les E-U qui lui fournissent des subsides. En géopoliticien averti, il devrait savoir que l'aide des E-U à Israël, 1 milliard de $ par an, est donnée à l'Égypte dans les mêmes proportions depuis les accords de camp David 1. Par ailleurs, depuis 1994, les E-U sont les premiers contributeurs pour le fonds d'aide aux Palestiniens. Depuis 1994, 2. 5 milliards de $ ont déjà été déboursés et 1.2 milliard doit encore être versé d'ici à fin 2001. (Source: Martin Gilbert, Atlas of the Arab Israeli Conflict, Routledege edition, Londres, 1998).

Puisque Djamel Bouras, se propose de comparer le niveau de vie des Palestiniens et des Israéliens, je lui propose de comparer également les patrimoines respectifs des dirigeants politiques israéliens et de ceux de l'OLP. Selon la CIA, l'OLP à travers un système occulte auquel seul Arafat et quelques proches ont accès, dispose de 2 à 25 milliards de $ de capital. Cela bien sur sans compter les aides et subventions précitées.

Cependant, le discours qu'il [Djamel Bouras] a tenu à l'encontre de MM. Boujenah et Macias dépasse de loin la divergence idéologique et glisse dangereusement de l'antisionisme à un racisme antijuif (étant lui même "sémite", il récuse le terme d'antisémite).

En s'interrogeant ouvertement sur leur nationalité, ("sont-ils israéliens, tunisiens, algériens (...) ?") il remet en cause la citoyenneté des juifs français acquise en 1791. La théorie de "la double allégeance" qui inspire ses propos nous renvoie à l'anthologie de la propagande antisémite pure et simple (appelons un chat un chat et un antisémite un antisémite).

Il tombe dans la plus misérable des calomnies quand il accuse M. Macias - qui est un partisan de toujours de la fraternité entre juifs et arabes (ambassadeur de l'UNESCO) et de l'amitié entre les peuples - de faire ça pour le "business". Dans une situation où des synagogues ont été incendiées et des tombes juives profanées, M.Boujenah, en homme public responsable, à un été un des premier à répondre à l'appel lancé par l'Union des Etudiants Juifs de France et SOS racisme pour renouer le dialogue entre les communautés juives et arabo-musulmane. Michel Boujenah a ainsi montré qu'il est conscient de son rôle citoyen: ne pas faire évoluer un conflit politique local en une guerre de religion.

Enfin, je m'interroge sur le choix éditorial qui a été le vôtre en invitant M. Bouras pour défendre les Palestiniens. La cause palestinienne est légitime et nombreuses sont les personnalités qui savent la défendre et en parler sans tomber dans un discours extrémiste et dangereux (à l'instar de Michel Boujenah sur Israël).

En choisissant de faire parler un sportif aigri et extrémiste sur un problème géopolitique complexe, la formule de votre émission, fondée sur le mélange des personnalités provenant de différents backgrounds, a montré ses limites et ses dangers.

La responsabilité de votre équipe est écrasante puisque autant l'intervention de M. Boujenah était spontanée (et modérée), autant celle de M. Bouras était visiblement préparée dans le but de montrer un musulman affronter un juif (alors que nous avons tant besoin de les voir oeuvrer dans le même sens). Cette politique délibérée alimente des querelles nauséabondes et déplacées.

Patrick Klugman
Vice président de l'UEJF
(Union des étudiants Juifs de France)