18/01/2007

L'antisémitisme, "ça peut aussi être drôle", dit M. Le Pen

Jean-Marie Le Pen était l'invité, jeudi 21 décembre, de la radio et chaîne de télévision BFM. Les questions des journalistes ont porté sur la présence d'une très forte délégation du Front national au spectacle de Dieudonné, lundi 18 décembre, au Zénith de Paris. En tête de celle-ci, Jany Le Pen, l'épouse du président du Front national (FN) et Bruno Gollnisch, le délégué général du parti (Le Monde du 20 décembre).

Lorsqu'une des journalistes lui a demandé : "Est-ce que c'est l'antisémitisme affiché de Dieudonné que vous trouvez assez drôle ?", M. Le Pen a répondu : "Oui... Ça peut aussi être drôle... Il ne doit pas y avoir de sujets qui échappent à la critique ou à l'ironie." Il a ajouté : "Tout dépend de la manière dont on les traite (ces sujets). M. Dieudonné les traite d'une certaine manière. Devant son spectacle, il y a des moments où on a envie d'applaudir et des moments où on est plutôt discrets, peut-être même quelque fois gênés. Mais il en est de même dans tous les spectacles."

Incrédule, la journaliste insiste : "Vous venez de dire que si l'antisémitisme est exprimé de façon drôle, pourquoi pas ?" M. Le Pen a alors répliqué : "Vous savez que les gens qui se moquent le plus des juifs, ce sont les juifs eux-mêmes. Il y a un humour juif très célèbre, très connu."

Le président du Front national sait pourtant ce qu'antisémitisme veut dire - "racisme dirigé contre les juifs" selon le Petit Robert - et que celui-ci est réprimé par la loi. Il est vrai que l'abrogation de toutes les lois réprimant le racisme et l'antisémitisme figure dans le programme du FN.

Jeudi 21 et vendredi 22 au matin, sa fille Marine Le Pen était injoignable pour commenter les propos de son père. Des propos qui vont à l'encontre de ses tentatives de dédiabolisation du parti d'extrême droite et de sa volonté de faire oublier les accusations de racisme et d'antisémitisme.

Difficile de dire si cette nouvelle saillie de M. Le Pen aura une incidence dans sa recherche de parrainages pour sa candidature à l'élection présidentielle tant elles n'étonnent plus.

Reste que dans cette même émission le président du FN a dit "pense (r) avoir passé la barre des 400" signatures sur les 500 nécessaires. Il a précisé qu'il ne sera satisfait "qu'au-delà de la barre de 600 car (il) crain (t) toujours des retournements de dernière minute".

Christiane Chombeau
Article paru dans l'édition du 23.12.06.